Pénurie d’animateurs : les centres aérés d’été sous tension

C’est un service essentiel pour les parents : les centres aérés d’été. Impossible de continuer à travailler sinon ! Pourtant, des communes sont contraintes de revoir la voilure. Mais sur Folschviller et Saint-Avold, par exemple, les structures sont maintenues, grâce à une politique d’anticipation.

Les tensions sont fortes sur les centres aérés d’été. En milieu urbain, avec par exemple des risques de fermeture de centre en Île de France , comme en milieu rural. Chez nous, une commune comme Bouzonville doit renoncer à proposer ce service , faute d’animateurs. Gaétan Vecchio, directeur du centre de Folschviller et adjoint à Saint-Avold, n’est pas étonné. « La société se réveille, mais la pénurie d’animateurs va devenir un enjeu global : périscolaire, cantine, mercredi récréatif… Les territoires qui n’assurent pas vont perdre en attractivité. »

Gestion et formation comme leviers

Sur Saint-Avold et Folschviller, non sans difficultés, l’accueil est maintenu à l’identique cet été. Le territoire a pu jouer sur deux leviers.

Tout d’abord, Saint-Avold repense ses centres aérés depuis deux ans en réalité. La municipalité arrivée aux commandes en 2020 a souhaité mettre fin à une gestion jugée anarchique. La nomination d’un nouveau directeur de l’animation, en septembre 2022, porte ses fruits : plages horaires élargies, ouverture du centre sur les petites vacances, vivier de recrutement dans les services internes en mairie « avec moins de dépendance à une main-d’œuvre externalisée », explique Virginie Spir, adjointe à l’enfance à Saint-Avold. Deuxième levier, surtout : le gros travail de formation réalisé par le centre social de Folschviller, au bénéfice de tout le secteur. « Au niveau national, depuis le Covid, c’est 40 % de Bafa en moins, souligne Gaétan Vecchio. Depuis 2021, avec un organisme diplômant, on organise plusieurs sessions par an à Folschviller : c’est massif, par groupes de vingt. Pourquoi ? Pour être sûr d’en conserver une partie pour nos périscolaires et nos centres d’été. »

« Les familles iront vivre ailleurs »

Gaétan Vecchio évoque un turnover qui s’est accéléré (« en moyenne, on peut garder l’animateur six mois »), et des coûts de formation qui explosent. « On ne pourra pas tenir longtemps, il faut que cette politique soit gérée à l’échelon intercommunal », lâche-t-il. Un appel direct envers l’Agglo Saint-Avold Synergie, qui n’a pas la compétence petite enfance pour le moment. « On peut annoncer tous les emplois qu’on veut sur la plateforme chimique, enfonce le responsable, l es familles iront vivre ailleurs , si on ne propose pas un service solide sur l’enfance. »

L’enjeu est d’autant plus fort que « le financement des centres par la Caf devient lié à l’exigence d’animateurs diplômés. » La pénurie fait par ailleurs grimper les tarifs des animateurs Bafa. « Ils déposent des CV dans tous les centres et ils demandent combien ça paye, forcément… »

« Des familles viennent de loin »

La mise est sauvée sur Saint-Avold et Folschviller pour cet été 2023. « Nous proposons 50 places par semaine sur le mois d’août, sur notre gros centre aéré d’Oderfang, détaille Virginie Spir. Mais également quatre semaines entre juillet et août sur un centre en délégation associative (ASBH) , sur le Wenheck. » Avec possibilité d’accueil dès 3 ans pour cette dernière solution, contre 6 ans minimum en août : un effort d’harmonisation est encore à faire. Sur Folschviller, 50 places par semaine sont également ouvertes, dès 3 ans, sur cinq semaines. Message aux parents désemparés : il reste encore des places. « Et on a des familles qui viennent de loin… », constate Gaétan Vecchio.